FOUSSOUBIE et autres cavités voisines (Ardèche, France)                              www.foussoubie.fr

 

 

PAGE : Mise en ligne 27.03.2019 - Mise à jour 30.04.2019 - 3582 visites   au 31.03.2024

Bordure Sud-Est du Massif Central.
Les affluents souterrains des gorges de l'Ardèche.
Recherches du Spéléo-club alpin languedocien.

dans Annales de Spéléologie t.4, fasc.3 {p.135, 136, 137/140, 143} (1949)

BOURNIER Alex ; CAILAR Jacques (du)
et COUDERC Jean (SCAL)

BOURNIER Alex ; CAILAR Jacques (du) et COUDERC Jean (1949) Bordure Sud-Est du Massif Central. Les affluents souterrains des gorges de l'Ardèche. Recherches du Spéléo-club alpin languedocien. dans Annales de spéléologie t.4, fasc.3; Société Spéléologique de France (Montpellier) {p.135, 136, 137/140, 143}

  Extraits

Annales de spéléologie
t.4, fasc.3 (1949)
Extrait {p.135, 136, 137/140, 143}

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27.03.2019 au 31.03.2024

   Alex BOURNIER est né à Montpellier le 18 décembre 1925 et décédé le 12 juin 2016.

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   Jacques du CAILAR est né le 23 mai 1926 à Saint-Hippolythe-du-Fort (Gard) et décédé le 13 juillet 2018. Il était professeur en anesthésie et réanimation médicale au CHU de Montpellier.

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   Jean COUDERC est né le 13 décembre 1922 à Saint-Hyppolyte-du-Fort (Gard) et décédé en 2003 à Saint-Jean-de-Védas (Gard). Dessinateur-cartographe au service géologique de l'INRA, professeur à l'école d'agrigulture de Montpellier, mais aussi peintre reconnu des paysages gardois. En spéléologie, co-découvreur de la source du Gave de Pau et de l’aven du Marboré.

   Le SCAL est averti par leurs collègues du Spéléo-Club de Montpellier, qui viennent d'achever leur camp spéléologique dans les gorges de l'Ardèche, du franchissement du "Lac du Plongeur" par Henri LOMBARD et Charles CLARON [Voir le CR de LAURÈS et DURAND de GIRARD]. Claron du SCM se joint à eux.
   A défaut de mat d'escalade, la remontée du "puits de la Rocade", peu orthodoxe pour le CAF, fit appel à une lourde échelle en bois de 5m. Sa sortie à +30m est délicate ! Ils explorent à l'ouest la galerie du Sable, à l'est, la remontée jusqu'à la Salle Blanche et au sud-est, avec une base encombrée de gros blocs [il s'agit des sorties "Diaclase"], ils remontent jusqu'à une hauteur estimée à 95m où l'escalade devient très délicate. Le courant d'air est toujours présent et des débris extérieurs sont visibles. La surface est présumée proche, sans doute sur le plateau du Devès de Virac.

p.135
« Nous avons alors consulté la littérature. MARTEL (il faut toujours en revenir à lui) donne dans « la France ignorée » un très bon résumé de la question et signale l'intérêt que présentent les résurgences (goules) de Foussoubie, de la Guigonne et de Mayaguar. Dans toutes ces cavités, des lacs ou des siphons ont arrêtés la progression. »

p.136
« Une campagne de huit jours dans les Gorges de l'Ardèche avait donc été prévue pour le mois d'août avec un seul objectif : les rivières souterraines.
   De leur côté, nos collègues du Spéléo-Club de Montpellier avaient projeté de faire une campagne dans cette même région au mois de juillet.
   Nous décidons (comme nous l'avons toujours fait) de travailler en synchronisation et de nous tenir au courant des résultats obtenus. Peu avant notre départ, LAURÈS, Président de ce club nous signale que ses coéquipiers ont passé la voûte basse de Foussoubie, découvert de nouvelles galeries à Midroï, et ont exploré une nouvelle résurgence et divers avens sur le plateau. Fort aimablement, il nous indique les possibilités, délicates il est vrai, de Foussoubie et du Midroï.
   Il nous restait beaucoup à faire et nous avons été loin de pouvoir tout examiner en huit jours. Nous avons surtout travaillé dans trois cavités, les trois plus connues : la résurgence de Foussoubie, la Dragonnière, le Midroï. Dans les trois, nous avons poussé plus loin que nos devanciers, au prix de considérables efforts physiques : bains et escalades. Partout où le passage du bateau n'était plus possible nous avons eu recours au bain et, en fin de campagne, il nous était à peine plus pénible de nous immerger dans l'eau souterraine que dans celle de l'Ardèche. Un mât nous aurait rendu service pour les escalades. Nous l'avons remplacé à Foussoubie par « un autre moyen artificiel  » qui aurait dû faire rougir des membres du C.A.F. mais, en spéléo, tout est un moyen et non une fin.
   A Foussoubie et au Midroï nous avons eu pour compagnon Ch. CLARON, du Spéléo-Club de Montpellier. Nous tenons à le remercier ici de son aimable collaboration et de l'aide efficace qu'il nous a apportée.
»

p.137/140
« {Carte : Les gorges de l'Ardèche, emplacement des cavités, campagne de spéléologie du 8 au 15 août 1949}

ÉVENT DE FOUSSOUBIE [1] (1)

Situation
   Commune de Labastide-de-Virac (Ardèche) et non de Vagnas comme M. R. DE JOLY l'indique. Rive droite de la rivière à 500 mètres en avant du Pont d'Arc. - X = 765,3 - Y = 233,4 (2).
   Sur le bord de la rivière, une faible émergence pérenne sort sous des rochers. A 12 mètres au-dessus, derrière des blocs éboulés, s'ouvre un large porche à double entrée.
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(1) Les chiffres entre crochets correspondent aux chiffres reportés sur le plan général et indiquent l'emplacement des cavités ou des sources.
(2) Pour toutes les cavités décrites, la carte utilisée est la carte E.M. au 1/50.000° Orange 1/4 NO.
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Historique
1892. - M. GAUPILLAT l'explore en majeure partie ; il est arrêté au «lac du plongeur» par une voûte basse avec fort courant d'air.
1933. - M. R. DE JOLY s'arrête au même lac.
1949. - En juillet, le S.C.M. franchit la voûte basse et parcourt 150 mètres de nouvelles galeries ; il s'arrête au bout d'une diaclase noyée par l'eau. Il nous signale la possibilité de poursuivre en escaladant une cheminée.

Problème hydrologique
   Sans que rien ne l'ait jamais prouvé, l'évent de Foussoubie (appelé aussi Goule par MARTEL, d'où confusion) serait la réapparition des eaux enfouies à la «Goule de Foussoubie» située à 3km5 sur le plateau de Vérac
[sic] et explorée par MM. GAUPILLAT et R. DE JOLY. Mais ce dernier met en doute la communication entre les deux cavités (écart entre les températures) ; il émet l'hypothèse d'une réapparition à Foussoubie d'une perte de l'Ardèche.

{Plan schématique EVENT DE FOUSSOUBIE}

Description et exploration du 7 août 1949
   Rappelons brièvement que la grande entrée conduit dans une vaste galerie remplie de sable et se terminant au bout de 80 mètres sur un lac siphonnant. De ce lac vers l'E s'écoule un petit ruisseau (débit 2 à 3l/s) qui s'infiltre dans le sable. C'est certainement l'origine de la source. Nous avons capturé dans ce lac des Niphargus. A 40 mètres de l'entrée, une galerie concrétionnée de 60 mètres de long aboutit à un puits par où l'on accède à -15 à une poche d'eau au niveau de l'Ardèche. Au fond, nous notons un petit récessus avec un gour. Nous ne trouvons pas le passage conduisant à la salle des stalactites signalée par M. R. DE JOLY.
   Du milieu de cette galerie s'amorce un boyau de direction E, qui débouche sur une autre galerie E-O. A l'E, colmatage ; à l'O, la galerie se poursuit. Elle est coupée par un lac de 1 mètre de profondeur et, 30 mètres plus loin, par le «Lac du Plongeur» long de 20 mètres ; la voûte s'abaisse à toucher presque le niveau de l'eau ce qui oblige à plonger pour passer, mais laisse cependant souffler un fort courant d'air. Sur l'autre rive on aborde sur une grève d'argile, le parcours reprend, rapidement interrompu par un nouveau lac débouchant sur une grande diaclase. A l'O la galerie se poursuit dans une diaclase pleine d'eau que nous explorons à la nage. Nous nous arrêtons devant un siphon où nous voyons les initiales du Spéléo-Club de Montpellier, gravées quelques jours auparavant.
   A l'E, une remontée dans du sable conduit au pied d'une croupe stalagmitique. L'escalade en est très difficile, les prises ne tiennent pas. Nous battons en retraite.
   Le lendemain (8 août 1949), accompagnés de Ch. CLARON nous revenons à l'attaque, transportant une lourde échelle rigide, en bois, longue de 5 mètres, ainsi que des sacs étanches pour passer nos vêtements au «Lac du Plongeur».

{Coupe schématique de l'aven-évent de Foussoubie}

   Malgré l'aide de l'échelle, l'escalade demeure des plus délicates, surtout la «sortie». A +30 mètres on prend pied au flanc d'une grande salle où débouchent trois galeries de dimensions importantes.
- La galerie d'O conduit à un réseau concrétionné d'une centaine de mètres. Sur le sol sablonneux, le lit d'un ruisseau à sec se perd à l'Ouest.
- La galerie E, ascendante, conduit à une grande salle à voûte basse concrétionnée. Au fond, pertuis avec léger courant d'air.
- La galerie SE est reliée à la galerie S. Elle est également ascendante mais encombrée de gros blocs, elle donne accès à des salles et boyaux supérieurs que nous avons pu remonter jusqu'à +95 mètres. A ce niveau l'escalade devient très délicate mais peut être continuée. Elle conduirait probablement en surface comme le laissent prévoir divers débris et le courant d'air toujours présent.
   Le plan et la coupe ci-joints nous montrent, mieux que le texte, la grande remontée effectuée de 0 à +95 mètres.
   L'Évent de Foussoubie se transforme donc maintenant en goule-évent-aven de plus de 100 mètres. Le plateau du Devès de Virac est encore à 20 ou 40 mètres plus haut. La dénivelée totale serait donc approximativement de 120 mètres (il faudrait revoir l'aven du Grand Devès).
   Le problème hydrologique n'est pas résolu. D'où vient l'eau ? Peut-être de la Goule de Foussoubie. Nous n'en savons pas davantage que nos prédécesseurs.
   Le bilan des deux campagnes (S.C.M. et S.C.A.L.) nous permet de considérer comme seul résolu le problème topographique de l'Évent de Foussoubie. Le «Lac du Plongeur» a été franchi, un siphon de très mauvais aloi qui ne se désamorce probablement jamais a été atteint.
   Nous avons suivi le courant d'air qui ne vient pas du cours pérenne mais d'un système d'avens et de galeries remontant jusque sur le plateau.
   L'exploration de cette cavité nous permet d'émettre une remarque. Il est en effet rassurant de constater, du point de vue géographie générale, que le niveau du «Lac du Plongeur» n'a pas bougé depuis 1892. Notre exploration a eu lieu pendant une période de grande sécheresse et 10 centimètres à peine séparaient la voûte de l'eau comme à l'époque des explorations de MM. GAUPILLAT, R. DE JOLY, JEANNEL et RACOVITZA.
»

p.143
« En résumé, il semble que la Dragonnière soit issue d'une grande rivière souterraine d'origine inconnue dont le creusement insuffisant n'a pu égaler celui de l'Ardèche ce qui explique les diverses petites issues de l'eau dans la rivière par des fissures préexistantes (et non par une grande galerie creusée par l'eau).
   Remarquons que la même observation peut être faite pour Foussoubie, Midroï et Mayaguar dont toutes les entrées principales s'ouvrent à une dizaine de mètres au-dessus de la rivière.
 »